A Madagascar, le secteur de l’édition n’est pas considéré comme un secteur porteur économiquement.
Si en 1982, 1.549 titres étaient recensés, en 2012, on n’enregistre que 1.786 titres actuellement dont 42% de livres religieux. Le dépôt légal enregistre une centaine de titres publiés par an mais 90% restent des premières éditions. Le faible tirage qui se situe à 500 exemplaires en est la cause. Couvrir l’île est très difficile en terme de diffusion des livres. Les acteurs principaux – auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires – existent, mais ils sont en nombre insuffisants et l’absence de moyens financiers les laisse seuls face aux défis à relever.
L’édition malgache doit faire face à plusieurs écueils tant au niveau de la production que de la diffusion avec :
– un coût d’intrants du livre cher car ils sont taxés;
– une absence de réseau de distribution de livres;
– un faible réseau de diffusion : 25 librairies pour les 22 régions dont la moitié se trouve dans la capitale;
– un faible pouvoir d’achat, avec un salaire minimum de 33€;
– un coût de communication cher;
– un taux d’alphabétisation faible de 64%;
– aucun soutien de l’Etat pour la vulgarisation du livre. La politique malgache du livre est décrétée en novembre 2012 mais la mise en oeuvre n’est toujours pas effective ;
– une difficulté d’accès aux zones rurales à cause des frais de transport coûteux, dont pourtant 83% de la population y habitent et sont monolingues;
– trop de dons de livres venant de l’étranger qui ne correspondent pas aux besoins des lecteurs dans les bibliothèques et qui, au final découragent la lecture et gênent le développement de l’édition locale;
– les organismes internationaux, les services liés à l’éducation et les projets financés par des bailleurs internationaux éditent eux-mêmes leurs livres et ne participent pas à la valorisation du métier d’édition;
– des projets de lecture publique mis en place à travers des coopérations bilatérales mais qui participent très peu à la vulgarisation de l’édition locale (100 Clef, 30 Clic, 20 Clac, 30 Alliances françaises).
Le pays a subi une crise politique et économique qui a mis à terre tous les secteurs productifs du pays. Le secteur de l’édition n’a pas été épargné. Si les productions ont un peu progressé avant 2009, elles ont beaucoup diminué jusqu’en 2013. La création de l’association a beaucoup contribué à monter des activités collectives pour la promotion des livres mais les maisons subissent toutes des difficultés pour continuer à éditer.
L’association des éditeurs de Madagascar, créée en mars 2010, regroupe les neuf principaux éditeurs malgaches. Elle a comme mission de favoriser l’émergence d’une industrie du livre malgache.
Elle appuie le développement et la valorisation de l’édition malgache par le biais d’activités diversifiées pour répondre aux besoins de la population malgache. Le souci de vulgariser la lecture et l’écrit auprès d’une frange importante de la population malgache est motivé par un désir de rendre les connaissances et les savoirs accessibles à un public large.
-
Renforcer les compétences du milieu de l’édition afin d’en faire une industrie culturelle à part entière ;
-
Promouvoir l’édition malgache au niveau national, régional et international
-
Contribuer à l’amélioration de l’éducation, à l’accès de la population aux écrits et au développement de la population malgache en offrant des ouvrages adaptés à leurs besoins.
-
Contribuer à la valorisation des auteurs et leurs écrits.
-
Lutter contre toute forme de censure.
En 2010, l’association obtient un financement de 44.985$ de l’Unesco sur le Fonds International pour la diversité Culturelle(FIDC) et met en place plusieurs activités de promotion et de relance de l’édition malgache :
. Renforcement des compétences professionnelles des éditeurs à travers une session de formation sur la rédaction des contrats d’édition;
. Organisation de foires et ateliers dans trois grandes villes: Antananarivo, Antsiranana et Toamasina; la foire d’Antananarivo existe depuis 2004 et est programmée au mois d’avril pendant la célébration de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. C’est la seule manifestation sur le livre du pays. Elle engendre 12.000 visiteurs en 2014. L’organisation de la foire a été renforcée du point de vue médiatisation et création de nouvelles activités pour attirer plus de visiteurs.
. Participations aux salons régionaux et internationaux (France et La Réunion) pour la promotion des livres malgaches; participation à la rencontre de la diaspora malgache en France RNS pour toucher cette communauté ;
. Edition de catalogue aux normes pour chaque maison d’édition;
. Création du site internet de l’association www.aedim.mg, vitrine de la production des membres et des activités réalisées par l’association;
. Actions de lobbying auprès des grandes institutions et des acteurs de l’éducation à Madagascar;
. Organisation de débats thématiques autour du livre et de l’éducation.
. Médiatisation des activités sur le livre et des productions dans les médias locaux, notamment sur l’émission télévisée “Loharano tsy ritra” sur la chaîne national TVM, les émissions radiophoniques et dans la presse papier.
. Création du Prix AEdiM, récompensant l’auteur le plus en jeunesse, pour encourager la production de manuscrits pour ce secteur en pleine expansion.
L’édition malgache souffre de manque de communication, de visibilité et de diffusion. Les éditeurs doivent améliorer leurs outils de promotion pour être plus visible. Et ils doivent chercher aussi d’autres voies de diffusion des livres.
En octobre 2013, l’association signe une convention de partenariat avec la Poste malgache pour la diffusion des livres. La poste malgache possède 226 bureaux de poste répartis dans toute l’île. Avec le système de paiement par téléphonie mobile, la population peut acheter des livres directement chez l’éditeur pour les endroits où il n’y a pas de points de vente de livres. La Poste malgache applique un tarif préférentiel de 50% sur les prix d’envoi des colis. Par ailleurs, des flyers thématiques ont été édités et diffusés en milliers d’exemplaire dans toute l’île par la voie des bureaux de poste pour faire connaître les productions existantes.
Le 13 février 2014, l’association signe aussi un Protocole d’accord avec le Ministère de l’éducation nationale (MEN) pour la mise en place d’une liste de livres de lecture agrées en primaire, composé de 26 titres édités par 4 maisons d’édition en malgache et en bilingue français/malgache, afin d’inculquer une culture littéraire, contribuer à l’apprentissage des deux langues d’enseignement le malgache et le français et instaurer une habitude de lecture durable dès le plus jeune âge. La liste a été diffusée dans les Ciscos et les Directions Nationales des écoles privées.
Depuis 2010, deux éditeurs organisent des rencontres d’auteur dans les écoles primaires publiques et les lycées publics pour encourager la lecture, en partenariat avec l’association Touraine Madagascar qui aide aussi à la publication des livres pour enfants en bilingue français/malgache et le programme pour l’enseignement du français MAPEF.
Un plaidoyer international a été réalisé depuis 2007 pour combattre les dons de livres venant de l’extérieur et qui ont une incidence négative sur le développement de l’édition malgache. Une quarantaine d’associations étrangères qui ont pratiquées les dons de livres de l’étranger ont été sensibilisés sur le danger de ces dons et travaillent maintenant avec les libraires et les éditeurs malgaches pour la création de bibliothèques scolaires et communales dans toutes les régions de l’île en utilisant les livres locaux. Une centaine de bibliothèques ont déjà été créées depuis 2008. De grandes sociétés se sont aussi lancées dans la création de bibliothèques scolaires dans le cadre de leurs activités sociales. Ces initiatives ont des impacts très positifs sur le résultat scolaire des apprenants.
Une maison d’édition s’est déjà lancée dans le livre numérique en insérant trois titres dans des petits ordinateurs pour un projet à Nosy Komba, lancé par l’association OLPC France en 2010. Elle a également mis en ligne en lecture libre sur son site internet treize titres pour enfants en malgache pour apprendre la lecture sur écran.
Récapitulation des livres édités à Madagascar
– professionnaliser le secteur de l’édition pour produire des livres de qualité qui répondent aux besoins de la population;
– améliorer l’accès de la population aux livres en élargissant la diffusion des livres dans les petites localités de l’île ;
– promouvoir l’offre de livres dans les 22 régions de l’île en privilégiant la production en langue malgache;
Pour relever ces défis, l’AEdiM prévoit de :
– renforcer la capacité technique des éditeurs à travers une formation sur les cessions et les rachats de droit dans l’édition et la mise en place d’un dispositif de normalisation de la production de livres;
– Renforcer la médiatisation des publications et les activités autour du livre dans les émissions télévisées, et radiophoniques;
– Recruter un commercial itinérant pour commercialiser les productions des membres et sensibiliser la population sur l’importance de la lecture dans les petites localités.
-
Renforcement de capacités des éditeurs malgaches
-
Promotion des productions de livres malgaches
-
Commercialisation des productions et promotion de la lecture pour l’instauration d’une habitude de lecture durable
L’AEdiM a aussi plusieurs partenaires pour l’aider à réaliser ses activités. On peut citer :
– La FMBM, co-organisteur avec l’association de la foire du livre d’Antaninarenina ;
– Le Ministère de la Culture et de l’Artisanat qui inaugure chaque année la foire du livre à Antaninarenina et qui l’a soutenu financièrement en 2013.
– Le CITE, partenaire opérationnel et membre qui abrite le siège de l’association. Il appuie aussi l’association par son savoir-faire en expertise technique et pour la diffusion des livres en province par l’intermédiaire de ses antennes.
– L’Association des Librairies de Madagascar (ALM) est un partenaire opérationnel dans la diffusion des livres malgaches dans toutes les librairies membres de l’association (12).
– L’Institut français de Madagascar et le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France qui soutiennent les actions de professionnalisation des éditeurs.
– La Télévision Malagasy, la chaîne nationale, est un partenaire important pour la diffusion gratuite de l’émission sur le livre « Loharano tsy ritra », permettant de faire connaître les activités sur le livre et les productions locales.
– L’Alliance Internationale des éditeurs indépendants, association basée en France, est un partenaire technique pour l’identification des formateurs adéquats pour les sessions de formation et un fournisseur d’informations sur les programmes qui se montent pour les éditeurs francophones;
–Africultures, qui possède la plus grande base de données de livres dans l’espace africain Sudplanète, offre la possibilité de mettre gratuitement sur leur site tous les livres édités dans le monde ;
– La Paositra Malagasy pour la diffusion et la distribution des livres au niveau national.
– La Chambre de commerce et d’industrie d’Antananarivo qui offre gratuitement une salle pour la tenue de la rencontre éditeurs/bibliothécaires organisée pendant la foire à Antaninarenina.
– Les mairies des villes comme Toamasina et Antsiranana qui ont déjà accueillies les foires organisées par l’association, comme partenaires opérationnels et les Directions Nationales de l’Education Nationale qui sont sollicitées pour sensibiliser le milieu scolaire.
– Le Centre national du livre pour la jeunesse français, La Joie par les livres, qui communique sur les productions dans l’Océan indien par l’intermédiaire de son magazine en ligne Takam Tikou (www.takamtikou.fr).
– L’ADMC CRAAM, qui aide à la communication des activités de l’association et qui soutient en terme de ressources humaines et de savoir-faire technique pour la préparation de la foire du livre d’Antananarivo.
– Le Ministère de l’éducation nationale pour la mise en place de la liste de livres de lecture agréés en primaire.
– La Réunion des Livres (LRDL) et l’Association des Bibliothécaires de La Réunion (ADBEN) par la mise en place d’un stand Océan Indien au Salon du livre de Montreuil et au Salon du livre jeunesse à l’Ile de La Réunion et qui permet aux éditeurs malgaches de faire connaître leurs productions.